Salut ! Aujourd’hui un billet un peu particulier puisque je vous propose un aperçu en exclusivité des voitures Corail VU75 qui seront bientôt proposées à la vente par notre ami Hervé (TrenoNotte). Mais avant de vous en parler, vu que je suis quelqu’un de très curieux, j’ai eu envie de discuter un peu avec le créateur pour en savoir un petit peu plus sur le pourquoi de ce projet, et bien d’autres choses encore.
Olivier : Salut Hervé ! Je ne peux débuter cette interview sans t’interroger sur ce qui t’as fait connaitre dans notre communauté, cette fameuse vidéo où le simulateur est commandé… par un pupitre de CC 6500 ! Raconte-nous ^^
Hervé : Ah les CC6500 ! Ma fascination pour ces locos remonte à très loin dans mon enfance et quand j’ai appris qu’elles allaient disparaître, il a été vraiment important pour moi de garder quelque chose, une trace tangible de leur existence, afin de me souvenir de tous ces bons moments, de me souvenir de mon enfance aussi. Comme le disait Jacques Brel, à 17-20 ans un être humain a déjà vécu tous ses émerveillements et il passe ensuite sa vie à essayer de les revivre. Je suis totalement en accord avec ça et c’est ce que j’ai essayé de faire,revivre mes premiers émerveillements, tout gosse sur le quai, quand je sentais le souffle chaud des ces énormes machines décollant une lourde rame pour un pays lointain… Construire ce pupitre a été pour moi une aventure formidable. Depuis la récupération des pièces au dépôt de Vénissieux et dans les diverses casses ferroviaires et notamment celle de Culoz, jusqu’au branchement du pupitre sur TS et des premiers « tours de roues » virtuels, malgré toutes les difficultés et tous les problèmes techniques à résoudre, ce ne fut que du bonheur.
O : Et pourquoi le choix de Railworks/Train Simulator, du coup, comme support logiciel ?
H : Le graphisme surtout. MSTS était pour moi depuis un bail un tantinet dépassé et Trainz malgré toutes ses qualités avait trop de défauts.
O : Revenons-en à ton actualité de ce moment, les Corail VU75. Pourquoi ces voitures, et pas d’autres ?
H : Il faut bien commencer par quelque chose 😉 La liste est longue c’est vrai de matériel français à reproduire pour TS. Si j’ai choisi les corail VU c’est certainement parce qu’elles sont en cours de radiation désormais. On en trouve beaucoup en livrée classique dans les casses ferroviaires (j’adore me balader dans ces lieux) et il est toutefois encore possible de monter à bord de trains utilisant ce matériel pour par exemple enregistrer des sons, prendre des mesures pour une 3D fidèle… Les corail VU couchettes ont été utilisées sur tous les trains de nuit nationaux et internationaux au départ d’une ville française, comme j’ai un petit faible pour ce type de trains, mon choix était presque imposé !
O : Peux-tu nous préciser le contenu du pack que tu as prévu de rendre disponible à la fin de la semaine prochaine ?
H : il y aura trois packs en téléchargement : un gratuit avec les fourgons B6Dd2, un autre que tu connais qui contient les voitures couchettes (NDO : celui que je teste à la fin de cet article) et un dernier, et non des moindres, qui contient toutes les versions places assises A9, B11 et A4B6, toujours en livrée classique. Je posterai une vidéo de ce pack la semaine prochaine.
O : Tu as – après un long moment de réflexion j’ai l’impression – décidé de vendre tes modèles, alors que tes voitures MU étaient gratuites. Pourquoi ce choix ?
H : La création pour TS, il faut bien le reconnaître n’est vraiment pas quelque chose de facile. Ou plutôt, elle n’est vraiment pas une activité que l’on peut mener par petites touches, une heure ou deux par semaines. À ce rythme là, sortir une création avec un minimum de qualités peut prendre des années… et c’est d’ailleurs ce que l’on observe sur ce forum où des gens très talentueux œuvrent patiemment pour sortir des choses magnifiques mais en un, deux ans voire plus. Je pense par exemple à pml3, DOM107 ou Julien (qui malheureusement ne semble plus pouvoir trouver du temps pour cette passion dorénavant). Essayer de trouver plus de temps pour se consacrer à la création implique quelques sacrifices, avec ses proches mais aussi avec son travail. J’ai la chance de pouvoir moduler mes heures de travail (et donc mon salaire) et j’ai pris la décision cette année de les réduire pour libérer du temps pour TS. Le payware est une façon de se dire que l’on ne fait pas tout ces sacrifices pour rien même si je doute fortement trouver la richesse avec cette activité.
O : On voit facilement que les trains de nuit ont une place toute particulière dans ta passion pour le ferroviaire – il suffit de lire ton pseudo ! Qu’est-ce qui te plait tant dans ces trains ?
H : Ma première rêverie poétique je l’ai vécue à bord d’un train de nuit. J’avais 5 ans. J’appelle rêverie poétique ce moment où on se laisse aller à des pensées agréables, doucement bercés par un spectacle simple qui nous envoûte. Je suis resté toute la nuit lors de mon premier voyage les yeux ouverts sur le paysage qui défilait à travers la baie vitrée du compartiment couchettes. J’ai été envouté, à 5 ans, par la beauté des lumières des villes que le train traversait de nuit, par les sons, les odeurs de chemins de fer (difficile à reproduire sur simulateur j’en convient… ;). Ça a été très fort pour moi et je ne saurais dire pourquoi. Tout ce que je sais c’est qu’à chaque fois que je prends un train de nuit, je ressens presque toujours ces sensations et tu ne peux pas imaginer comme je suis triste à l’idée qu’en ce moment même on enterre les derniers trains de ce type en France…
O : Bouh tu m’as volé ma transition 🙁 J’allais justement te rappeler qu’Alain Vidalies, secrétaire d’État chargé des transports a récemment annoncé l’arrêt le 1er octobre prochain de quatre des huit lignes Intercités de nuit…
H : Eh bien je vais te dire, tout ce que j’aime (ou j’aimais devrais-je dire) dans le train est en cours de destruction : les rames tractées, les trains de nuit, les lignes de montagnes avec le percement de tunnels de base (en Suisse mais aussi en France entre Lyon et Turin). Il ne va bientôt plus rien me rester de ma passion à ce train là ! C’est là que la simulation et l’évolution des qualités graphiques des simus à venir va me venir en aide. Je recherche avant tout à travers la simulation ferroviaire une façon de prolonger ma passion encore un peu.
Mais j’aime toujours de temps en temps aller dans les dépôts, discuter avec les cheminots, monter à bord des machines (grâce notamment à de bons amis conducteurs). Les trains de fret sont les derniers types de trains qui me fascinent encore vraiment et il en existe encore beaucoup donc tout va bien 😉
O : Question traditionnelle que je pose à chacun de mes invités : quels conseils peux-tu donner à ceux qui souhaitent se lancer dans la modélisation de matériel roulant pour TS ?
H : Conseil classique, valable pour toute création qu’elle soit technique ou artistique, ne jamais sous-estimer la difficulté et le temps que ça va prendre. Je sais que ça ne fait pas vibrer les jeunes qui se lancent dans la création d’une loco ou d’une rame entière avec très peu de connaissances mais il est fortement recommandé de choisir un objet simple pour débuter. De suivre toutes les étapes de la création, de la 3D en passant par les shaders et les textures puis les blueprints avec cet objet très simple afin de se préparer aux nombreuses difficultés qui les attendent. Cela dit, c’est une aventure géniale que de voir son modèle prendre forme petit à petit et sa toute première apparition dans le jeu est toujours un moment très fort.
O : Une aventure que tu as déjà vécue avec tes voitures MU. Elles sont excellentes, et pourtant ce n’était que tes premiers modèles ! J’imagine que tu devais déjà avoir une expérience en modélisation 3D, mais quels sont les défis spécifiques de la création pour Train Simulator ?
H : Non, non, je n’en avais aucune. J’ai tout appris sur le tas grâce à des amis créateurs 3D et sur le forum avec l’aide de Patrick surtout (pml3), de DOM107 et de quelques autres que j’oublie sur railsim et sur des forums étrangers. Internet permet aujourd’hui, avec beaucoup de volonté certes, de se former à presque tout pour peu que l’on y passe du temps et que l’on soit constant et persévérant dans l’effort. On trouve d’excellents tutoriels sur Youtube pour apprendre à manier les logiciels de création 3D. Par contre, il est vrai que toutes les connaissances propres à TS sont très difficiles d’accès et sans un guide averti, il est presque impossible de s’en sortir seul. Donc pour répondre plus précisément à ta question, les défis étaient multiples pour la création de ces voitures Corail : je voulais des textures haute résolution et une 3D impeccable sans toutefois grignoter trop le fps. J’ai bataillé dur pour optimiser les ressources et j’y ai passé presque la moitié du temps qui m’a été nécessaire pour mener à bien ce projet. Mais je crois au final que j’ai trouvé un bon compromis entre qualité et gestion des ressources.
O : Quel est le futur pour SimExpress ? Une CC 14100 peut-être ? 😛
H : C’est vrai qu’elles sont très chouettes !! Et ce n’est vraiment pas exclu que je les reproduise ! Le principal souci pour moi c’est l’authenticité. Je veux dire par là que créer un modèle demande de connaître à fond l’original, d’avoir parlé avec des gens qui utilisent ou travaillent sur la machine, leur avoir posé mille questions sur le fonctionnement de tel ou tel organe. D’avoir ensuite pris mille photos sous toutes les coutures et d’avoir enregistré le moindre son qu’elles produisent. De disposer de plans, de données techniques détaillées. Le futur proche pour SimExpress sera la BB26000. J’ai déjà amassé beaucoup d’informations sur ces machines grâce notamment à un ami qui en conduit quotidiennement et je pense vous concocter quelque chose de très poussé, au niveau de la simulation de conduite, des sons, des textures et de la 3D. J’ai également des voitures Corail VTU dont la 3D est presque terminée et qui risquent d’arriver avant l’hiver. J’espère sincèrement que mes modèles vont donner envie aux créateurs de lignes françaises de se lancer ou simplement de terminer leurs projets laissés de côté ! Ce serait vraiment chouette d’avoir une communauté française aussi forte qu’elle avait été pour MSTS. Peut-être cela arrivera avec TS2017, qui sait ?
O : Ah toi tu sais comment me parler 😛 En tout cas merci beaucoup d’avoir répondu à mes questions. Je te souhaite la meilleure des réussites pour ces premiers pack de voitures, et nous attendons les prochains avec impatience !
H : Ce fut un plaisir Olivier. C’est moi qui te remercie.
Passons maintenant à la revue détaillée du pack couchettes, un des deux qui sera disponible à l’achat en fin de semaine prochaine si tout va bien. Il comprend 3 modèles de voitures Corail VU75, les A9c9ux, B10c10ux et B6Dd2. Ces voitures ont véritablement révolutionné le chemin de fer en France et permirent de rajeunir considérablement le parc du matériel remorqué de la SNCF. Commandées à partir de 1975 (d’où le nom), 60 A9c9ux (voiture couchettes première classe à neuf compartiments) et 290 B10c10ux (voiture couchettes seconde classe à 10 compartiments) furent rapidement livrées et engagées un peu partout sur le territoire et à l’international. Les B6Dd2, quant à elles, construites à 100 exemplaires, sont des voitures seconde classe à six compartiments de six places et grand compartiment fourgon. Elles rentraient aussi bien dans les compositions des trains de jour que de nuit.
Fait novateur pour l’époque, toutes ces nouvelles voitures Corail, à l’exception des B6Dd2, étaient climatisées. Aujourd’hui, les voitures couchettes, qui reçurent diverses modifications, dont le programme de rénovation Lunéa, circulent encore sur les quelques trains de nuits qui roulent en France. Pour les B6Dd2 par contre, leur présence sur le réseau n’est plus qu’un souvenir…
Dans le pack de TrenoNotte, ces trois versions sont déclinées en deux livrées différentes, bleu corail d’origine et bleu corail avec logo SNCF nouille, ce qui permet donc de reproduire des compositions datant de 1975 jusqu’à la fin des années 1990. Mais malheureusement, les trains de nuit de ces époques comprenaient souvent d’autres types de voitures qui n’existent pas encore dans notre simulateur, surtout les T2. Il est également dommage de ne pas voir des versions modernisées de ces matériels, mais on comprend aisément le temps supplémentaire que cela aurait nécessité.
Ces voitures atteignent un niveau de qualité que j’ai rarement vu en quatre ans et demi de jeu. Le superdétaillage est remarquable, aucune forme ou texture n’est laissée au hasard, que ce soit sur le modèle extérieur, avec les bogies, les inscriptions de bas de caisse, agencées différemment sur les deux livrées, le patinage… ; mais aussi dans les différentes vues passagers, remarquables de réalisme. À noter pour ces dernières la présence d’une vue alternative « tête à travers la fenêtre », c’est assez sympathique. Petit absent : les voyageurs, ce qui rend ces voitures un peu vide, mais Treno m’a dit qu’il réfléchirait à cela.
Le textures sont particulièrement détaillées, comme je l’écrivais au-dessus, mais il faut particulièrement souligner le travail de la lumière sur les baies, qui peuvent prendre toute une palette de couleurs différentes selon l’angle de vue, et surtout l’emplacement du soleil bien sûr ! C’est la première fois que je vois ça sur un modèle dans TS et c’est très réussi !
Les différentes fonctionnalités ne sont pas en reste : signalisation d’arrière appropriée automatique – un standard, en 2016, et, grande nouveauté, le système de vérification d’état des freins est fonctionnel ! Notons également de belles animations des portes – malgré les poignées en 2D. Les sons sont quant à eux excellents, et permettent aux derniers qui n’étaient pas encore convaincus de se croire à bord de ces voitures. Le meilleur dans tout ça, c’est que niveau framerate, ça se comporte parfaitement sur le simulateur, du moment que l’on reste raisonnable en quantité bien sûr. Et même pour les grands fifous qui me lisent, Hervé a pensé à vous puisque des versions « Low poly », moins fatigantes pour le moteur graphique du jeu, sont incluses dans le pack.
Vous l’aurez compris, même si le contenu de ce pack est quelque peu restreint, il atteint – à mes yeux en tout cas – un niveau proche de la perfection, et pour un peu moins de 5 euros, cela reste tout à fait raisonnable comparé à ce qui se fait ailleurs. Bravo Treno, et vivement les prochaines ! 😀
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